« Tailler le costume de l’élu dans lequel ils veulent rentrer » : les fonctionnaires de la fonction publique de Nouvelle-Calédonie et les fonctionnaires d’état en formation avec la Fédération Interco CFDT
L’Union, en collaboration avec la Fédération Interco CFDT et avec l’appui du CEFNC a organisé, du 9 au 12 mai une formation pour les fonctionnaires d’état et les fonctionnaires de la fonction publique de Nouvelle-Calédonie.
Deux responsables de la Fédération Interco CFDT ont fait le déplacement depuis Paris pour mener à bien cette formation :
- Ingrid Clément est Secrétaire Générale Adjointe de la Fédération Interco CFDT. La Fédération rassemble 105 syndicats, soit 72 000 adhérents dont les agents territoriaux, le ministère de l’intérieur, le ministère de la justice, le ministère des affaires étrangères et le ministère des affaires sociales et de la santé. La fédération compte également des salariés du privé. Assistante sociale de formation, Ingrid Clément est adhérente depuis 1996.
- Éric Fievez est Secrétaire Général du syndicat CFDT Pénitentiaire qui regroupe le personnel de l’administration pénitentiaire à l’exception des directeurs des services pénitentiaires. Éric Fievez a débuté sa carrière dans l’administration en octobre 1989 en qualité d’élève surveillant et entre la même année dans le monde du syndicat. Il rejoint la CFDT en 2014. A ce jour, il occupe le poste de chef de service pénitentiaire.
Quel est le lien entre la CFDT-Interco et le SOENC Fonction Publique ?
En introduction, Ingrid rappelle que les deux syndicats s’adressent aux fonctionnaires. La CFDT Interco siège dans les instances ministérielles et dans le conseil supérieur de la fonction publique territoriale. Elle a donc les informations à la source pour les transmettre par la suite aux fonctionnaires calédoniens. « C’est un échange de pratique » souligne Ingrid. « On est un relais avec ceux qui décident en Métropole. Un relais pour les carrières, les mutations et pour tous ce qui est réglementation. » poursuit-elle.
En tant que Secrétaire Générale Adjointe de la Fédération Interco CFDT elle est intervenue sur plusieurs dossiers calédoniens, notamment sur ceux relatifs aux agents du tribunal. C’est ainsi que des agents calédoniens ont pu rentrer sur le Territoire pour débuter leur carrière. En effet, sans son intervention, ces-mêmes agents seraient restés en Métropole ; une situation inconfortable avec toutes les conséquences désastreuses qu’elle peut avoir sur les vies privées des Calédoniens.
« Ce qui intéressant ce sont les interventions collectives, c’est pouvoir organiser ici la section du tribunal en lien avec ce qu’on a comme information. »
Éric tient également à affirmer le lien fort qui unit les syndicats sur le sujet de l’administration pénitentiaire car « c’est un secteur qui concerne l’état et ce qui se passe en métropole c’est la même chose que ce qui se passe ici ». Il intervient beaucoup en relais, en appui des demandes de la Nouvelle-Calédonie concernant l’administration pénitentiaire.
« C’est un échange de bons procédés » souligne Éric. En effet, les agents calédoniens des ministères qui siègent dans des instances en Nouvelle-Calédonie ont besoin des informations provenant des ministères en France pour discuter, échanger et pour avoir une certaine « crédibilité », « pour bien jouer leur rôle d’élu, ils ont besoin de savoir ce qui s’est dit au plus haut » explique Ingrid. Et les agents qui sont dans les instances ministérielles en métropole relaient ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie et donnent une certaine visibilité aux différents problèmes rencontrés sur le territoire.
Vous avez eu plusieurs rendez-vous en Nouvelle-Calédonie notamment au Haut-Commissariat, au « Camp Est » et au Centre de détention de Koné.
Quel compte rendu pouvez-vous faire sur ces entretiens ?
Concernant le Centre Pénitentiaire de Nouméa, cette visite a permis de faire un état des lieux notamment sur l’extrême vétusté, les conditions de détention et les conditions de travail du personnel. « La construction de Koné montre toute la nouveauté et la modernisation qui devrait exister ici, sur la construction d’un nouveau centre pour avoir des conditions de détention digne et humaine » tient à préciser Éric.
Durant l’entretien avec le Haut-Commissaire, le sujet du « Camp Est » a été abordé et il en est ressorti que la construction d’un nouvel établissement pourrait désengorger la surpopulation et « améliorer » les conditions de travail des agents.
« A Koné, pourquoi un établissement de 110 places alors qu’on aurait pu construire 300 ou 400 places ? » s’interroge Éric, « On aurait pu construire un Centre pénitentiaire avec une partie Centre de détention pour les personnes condamnées et une partie prévenue pour les personnes ayant des peines de moins d’un an. »
L’objectif de ces visites est également de montrer aux autorités calédoniennes qu’il existe un lien entre le SOENC Fonction Publique et la CFDT à Paris et montrer que le syndicat est « crédible » et a des informations vérifiées et précises.
L’USOENC bénéficie du soutien, de l’appui, des outils et des formations de la CFDT.
Vous avez dispensé une formation destinée à la Fonction Publique durant toute cette semaine.
Quels ont été les objectifs de cette formation ? Quels sujets, quels thèmes ont été abordés ?
Cette formation permet de donner les outils aux stagiaires pour aborder leur rôle d’élu dans les meilleures conditions possibles. « Leur rappeler que ce ne sont pas leurs revendications personnelles qu’ils portent mais les revendications de l’organisation » souligne Éric.
Ingrid revient sur le contenu de la formation, « les instances ont été modifiées, que ce soit dans la fonction publique de Nouvelle-Calédonie celle de l’état ». « Dans la fonction publique de Nouvelle-Calédonie, c’est une grosse modification car pour la première fois en Nouvelle-Calédonie on a une nouvelle instance, le Comité Technique Paritaire (CTP). On a décortiqué les attributions de cette instance. Pour l’Etat, il y a la disparition du CHSCT qui devient une formation spécialisée. » explique-t-elle.
L’objectif premier de cette formation est de « tailler le costume de l’élu dans lequel ils veulent rentrer » précise Ingrid.
Quel bilan pouvez-vous tirer de votre séjour en Nouvelle Calédonie (visites et formation) ?
Un bilan qu’ils ne qualifieraient pas de positif vis-à-vis du « Camp Est » mais selon Éric « il faut quand même positiver les choses, on a vu le bon, le beaucoup moins bon et ensuite la formation qui est positive car les agents sont à l’écoute et demandent à avoir les outils pour évoluer favorablement. »
Pour Ingrid, les équipes travaillent et revendiquent déjà. Ils sont à l’écoute des agents et s’échangent les expériences et la réalité du terrain.