« Crises multifactorielles et effritement des droits des travailleurs : Indice CSI des droits dans le monde 2022» : extrait du bulletin d’information de la Confédération Syndicale Internationale – Juillet 2022

« Crises multifactorielles et effritement des droits des travailleurs : Indice CSI des droits dans le monde 2022» : extrait du bulletin d’information de la Confédération Syndicale Internationale – Juillet 2022

« Crises multifactorielles et effritement des droits des travailleurs : Indice CSI des droits dans le monde 2022» : extrait du bulletin d’information de la Confédération Syndicale Internationale – Juillet 2022

 

Selon l’Indice des droits dans le monde 2022 de la Confédération syndicale internationale (CSI), les principaux indicateurs des violations des droits des travailleurs ont atteint des niveaux record.

Cette 9e édition de l’Indice des droits dans le monde (www.globalrightsindex.org) classe 148 pays en fonction de leur respect des droits des travailleurs. Proposant un examen complet des droits des travailleurs dans les législations nationales, il s’agit de la seule base de données de ce type. Les cas de violations et les notes attribuées peuvent être consultés par pays et par région.

En neuf ans, des chiffres record ont été enregistrés dans plusieurs domaines :

  • 113 pays ont privé les travailleurs de leur droit de former des syndicats ou de s’y affilier (106 en 2021). Les travailleurs n’ont eu droit à aucune représentation sur leurs lieux de travail en Afghanistan, au Burkina Faso, au Myanmar et en Tunisie.
  • Les travailleurs ont été privés de leur droit de former des syndicats ou de s’y affilier dans 77 % des pays.
  • Dans 74 % des pays, les autorités ont entravé l’enregistrement des syndicats (59 % en 2021). Les activités des syndicats indépendants ont été réprimées par les autorités gouvernementales en Afghanistan, au Bélarus, en Égypte, en Jordanie, à Hong Kong, au Myanmar et au Soudan.
  • Les travailleurs ont subi des violences physiques dans 50 pays (45 en 2021), dans 43 % des pays de la région d’Asie-Pacifique (35 % en 2021) et dans 26 % des pays européens (12 % en 2021).
  • 87 % des pays n’ont pas respecté le droit de grève. Les grèves au Bélarus, en Égypte, en Inde, au Myanmar, aux Philippines et au Soudan ont été sanctionnées par l’arrestation de dirigeants syndicaux ou réprimées par la violence.
  • 4 pays sur 5 ont bloqué la négociation collective. Dans chaque région, ce droit est de plus en plus souvent bafoué, tant dans le secteur public que privé. En Tunisie, aucune négociation avec les syndicats ne peut avoir lieu sans l’autorisation de la Première ministre.

 

Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a déclaré : « Nous savons que les travailleurs sont en première ligne des crises exceptionnelles et multifactorielles : niveaux historiques des inégalités, urgence climatique, pandémie destructrice de vies et de moyens de subsistance, conflits aux conséquences nationales et mondiales dramatiques ».

« L’Indice CSI des droits dans le monde 2022 montre que bon nombre de gouvernements et d’employeurs profitent de cette instabilité pour s’attaquer aux droits des travailleurs. »

« Nous devons dénoncer ces exactions et faire comprendre aux gouvernements que le moment est venu de reconstruire notre monde sur la base d’un nouveau contrat social : emplois, salaires, droits, protection sociale, égalité et inclusion. »

  • Les dix pires pays pour les travailleurs sont le Bangladesh, le Bélarus, le Brésil, la Colombie, l’Égypte, le Myanmar, les Philippines, l’Eswatini et le Guatemala, ces deux derniers ayant rejoint la liste en 2022.
  • On constate une amélioration de la note pour le Salvador, le Niger et l’Arabie saoudite, mais une dégradation pour l’Arménie, l’Afghanistan, l’Australie, le Burkina Faso, la Guinée, la Jamaïque, le Lesotho, les Pays-Bas, la Tunisie et l’Uruguay.
  • Des syndicalistes ont été tués dans 13 pays, 41 % des pays ont supprimé ou restreint la liberté d’expression et d’association, des travailleurs ont été arrêtés ou détenus arbitrairement dans 69 pays et 66 % d’entre eux ont empêché ou restreint l’accès des travailleurs à la justice (hausse de 76 à 95 % en Afrique).

 

« Le monde a besoin d’un nouveau contrat social pour commencer à réparer ces dégâts. Fondamentalement, cela permettra de replacer les travailleurs au centre de l’économie. »

« Les travailleurs sont les premiers à subir les conséquences des guerres, des gouvernements autoritaires, de l’exploitation par les employeurs et de la passivité face à l’urgence climatique. Leurs intérêts doivent se voir accorder la priorité dans les décisions visant à lutter contre ces crises et leurs points de vue doivent être entendus dans les processus décisionnels par l’entremise de leurs syndicats. »

« Partout où existent un monopole abusif du pouvoir, des violations des droits humains et syndicaux ou un combat pour la paix et la démocratie, les syndicats des travailleurs sont là pour obtenir la justice, le respect de leurs droits et leur représentation. Sans les syndicats, il n’y aura pas de transition juste face au changement climatique et à l’évolution des technologies. »

« L’Indice des droits dans le monde 2022 nous démontre une fois de plus que cette situation ne saurait durer. Le modèle économique a favorisé une course vers le bas, au mépris des droits humains et des normes environnementales. Les données recueillies au cours de ces neuf dernières années pour établir notre Indice des droits dans le monde indiquent que ce phénomène gagne du terrain. »

« Les travailleurs et les consommateurs exigent une amélioration. Ils exigent des emplois, des salaires, des droits, une protection sociale, l’égalité et l’inclusion. Ils exigent un nouveau contrat social qui permettra de restaurer la confiance et de reconstruire leurs vies. »

 

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